L'ECOLE SHOREI-KAN

Son fondateur, Seikichi Toguchi, 10ème dan, fut l'un des plus proches disciples de Chojun Miyagi, le père du Goju ryu.


L'enseignement de Maître Miyagi

A cette époque, l'enseignement de Maître Miyagi était divisé en quatre points principaux:

Tee Chikate Mani: pratique des koryu kata (kata classiques) comme Sanchin, Saïfa, Seisan qui viennent de Chine. Maître Miyagi créa les Fukyu kata (kata unifiés) et les kion kata qui permettent une approche progressive des koryu kata.

Kumite: il n'y avait pas de combat libre dans le programme de Maître Miyagi. Il créa les Bunkaï kumite (application à deux d'un kata) afin de pouvoir vivre les techniques du kata en situation de combat.

Te Tochimani: consiste en exercices de combat pré-arrangés exécutés avec partenaire. Chacun de ces exercices se termine par une technique particulière. Ces exercices étaient utilisés pour approcher de plus près les différentes situations de combat.

Irikumi: c'est la pratique du combat réel mais organisé de façon à ce que l'étudiant ne se blesse pas. Le moins gradé attaque réellement avec toutes les techniques dont il dispose. Le plus ancien se contente de bloquer ou d'esquiver sans contre attaquer. Toutefois, quand il voit une ouverture trop importante, l'ancien peut pousser le jeune élève avec la paume de sa main.

En 1933 fut créée la Daï Nippon Butoku Kaï. Maître Miyagi y présenta un dossier intitulé: " Un aperçu du Karaté Do " et le gouvernement japonais reconnut alors le Karaté Do comme un Budo à part entière. A la mort de Maître Miyagi en 1953, Maître Toguchi qui a travaillé pendant 21 ans sous sa responsabilité, décide de créer le Shorei-Kan, le 1er mars 1953, pour continuer l'œuvre de son maître. En effet, Maître Miyagi sur la fin de sa vie a beaucoup théorisé son karaté en parlant pendant des heures, parfois de " midi à minuit ", avec Seikichi Toguchi à chaque fois que celui ci lui rendait visite. Maître Toguchi ouvrit en 1953 le premier Dojo Shorei-Kan (école pour le respect de la courtoisie et des bonnes manières) à Koza City, Okinawa.

Photographie prise lors d'un entraînement en 1950: Maître Miyagi surveillant le travail de ses élèves. De gauche à droite, Meitoku Yagi travaille avec Ei'ichi Miyazato, Seikichi Toguchi travaille avec Eiko Miyazato.
Après le décès de Maître Miyagi, Meitoku Yagi a créé l'école Meibu-kan, Ei'ichi Miyazato a créé l'école Jundo-kan, Seikichi Toguchi a créé l'école Shorei-kan.


Le système Shorei-Kan

En suivant les principes de son professeur Chojun Miyagi, fondateur du Karaté Goju Ryu, Maître Seikichi Toguchi a créé un système d'enseignement qui est devenu la base du Shorei-Kan. Le but du Shorei-Kan est d'apporter l'art du karaté-do au moyen d'un système de développement unifié.

Dans les Dojos Shorei-Kan, l' enseignement mis au point par Maître Toguchi se déroule comme suit.

Le jumbi undo:

Le jumbi undo est un système antique d'exercices pratiqués à Okinawa. Il consiste en une série d'exercices orientaux qui tirent leur origine du yoga, l'ékikinkyo, encore pratiqué en Chine, enseigné à l'origine par Bodhidarma à ses disciples du Temple Shaolin, dérivé probablement du yoga.

L'héritage de Maître Miyagi:
Le Do-In: Le gokingi ou mouvement des cinq animaux, exercice légendaire chinois pour la santé dont on retrouve actuellement la trace dans des écrits. En outre, aux VIIe et VIIIe siècles, le peuple qui avait foi en le Tao selon la philosophie de Laotseu, concevait la vie de façon naturelle en faisant des exercices imitant les mouvements et la respiration des animaux dans le but d'améliorer la santé du pratiquant. C'est là l'origine de la pratique du Do-in.

Dans les arts martiaux chinois, existait une série de huit exercices appelée " hachidankin " ou " patwanchun " qui fut introduite à Okinawa en même temps que les arts du poing chinois, notamment par le Maître Higashionna.

Adapté au style Goju Ryu par maître Miyagi pour développer la bonne santé des pratiquants, développé et érigé en système par maître Toguchi, le jumbi undo donne de plus une bonne approche des techniques de karaté (même avancées) et du travail respiratoire pratiqué dans l'école Goju Ryu Shorei-Kan. En effet, la plupart des exercices de jumbi undo se fait avec une respiration particulière (respiration abdominale) que l'on retrouve dans le kata sanchin. Ce type de travail respiratoire développe le " ki " (énergie interne).

Le but du jumbi undo est d'obtenir la santé du corps et de l'esprit en prenant plaisir à faire de la gymnastique. Ses bienfaits sont nombreux, entre autres, il développe la confiance en soi et aide aussi à combattre le stress de la vie moderne. " En ce sens, ces exercices antiques et orientaux répondent à nos exigences modernes et occidentales ".

Musculation et endurcissement

La musculation et les techniques d'endurcissement sont très importantes dans le style Goju Ryu et l'école Shorei-Kan ne fait pas exception à la règle. Les pratiquants travaillent la musculation avec des instruments spécifiques aux écoles de Goju Ryu (Shichi, Shachi, Kongoken, etc.) Ces instruments spécifiques permettent de prendre de la force tout en travaillant les techniques de karaté. Les exercices d'endurcissement (kotekitae) sont régulièrement travaillés pendant les cours. Kote Kitae, c'est l'endurcissement indispensable des avant bras, permettant aux pratiquants de parer les attaques de l'adversaire sans risque de se blesser.

Après les Kion (répétition des attaques, des défenses et des postures) vient l'étude des kata. Cette étude est séparée en trois parties:

1 - Les Fukyu Kata (kata unifiés de base et avancés). Ils sont au nombre de 10:

Gekisaï daï ichi et ni créés par Maître Miyagi et huit autres créés par Maître Toguchi.

2 - Les Koryu Kata. Kata anciens dont certains comme Sanchin, saïfa et seisan sont originaires de Chine du Sud (Province du Fukien). Ils sont au nombre de huit et communs à toutes les écoles de Goju Ryu: saifa, seyunchin, seisan, seipai, shisochin, sanseru, kururunfa, suparimpei.

3 - Les Kion Kata: Sanchin et Tensho permettent un travail respiratoire important ainsi que la fortification du corps et de l'esprit. Le travail de la respiration abdominale est quasi permanent dans l'école Shorei-Kan.

Les Bunkaï Kumite
Pour permettre à ses élèves de mieux comprendre l'étude des Kata, Maître Toguchi établit des Bunkaï kumite spéciaux Toutes les écoles d'Okinawa ont leur Bunkaï kumite mais, ces Bunkaï s'effectuent mouvement par mouvement. Maître Toguchi créa pour rendre cette étude plus efficace et passionnante des Bunkaï kumite où les deux partenaires peuvent effectuer les kata en entier, sans s'arrêter et à vitesse de combat.

Tous les kata de l'école Goju Ryu Shorei-Kan qu'ils soient de base ou supérieurs ont leur Bunkaï kumite.

Les Kiso Kumite
Continuant l'œuvre de son maître, S. Toguchi perfectionna les Te Tochimani en inventant ce qu'on appelle aujourd'hui les kiso kumite.

Ils sont au nombre de dix. Dans ces exercices, les techniques de pieds, de poings, mais aussi les saisies, projections, blocages et bris d'articulation, (kansetsu waza) se mélangent harmonieusement et permettent à l'élève de détailler certaines parties du Bunkai kumite

Toutefois, Maître Toguchi n'arrête pas là sa recherche. Afin d'améliorer et de perfectionner le style Goju Ryu, il a voulu aller plus loin dans la pratique en incluant des kata à exécuter en musique. Il s'agit de karaté rythmique et du Bo rythmique. Ces exercices sont plus particulièrement destinés aux enfants mais tous les élèves peuvent travailler le karaté rythmique. Les kata en musique s'exécutent sur des œuvres de Maître Yamauchi, musicien et compositeur célèbre à Okinawa

Le Shiaï Kumite

Le Shiaï kumite est pratiqué dans l'école de karaté Shorei-Kan avec des règles particulières et des protections adaptées de façon à ce que les élèves puissent combattre en toute sécurité.

Cet aspect sportif du Shorei-Kan développé par Maître Toguchi ne représente que 10 % du travail. Des compétitions de karaté Shorei-Kan sont organisées régulièrement en Amérique et au Japon et se déroulent à frappes réelles au corps, permettant aux combattants l'application de certaines techniques de pieds et de poings se rapprochant des situations réelles de combat. Elles sont très appréciées du public car sans danger pour les pratiquants et toujours très spectaculaires, elles donnent une image positive sans en soustraire les principes de base:
- respect,
- courtoisie et bonnes manières,
- contrôle de soi.

L'école de karaté d'Okinawa Shorei-Kan est un style de Goju Ryu particulier, puisque rehaussé par les créations de Maître Toguchi.

Willy et Marion Fruchout

Hombu dojo Shorei-kan, Tokyo, février 1983.
En bas, au centre: Marion et Willy Fruchout